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23 avril 2013

Témoignage reçu par une Veilleuse à Paris

 Témoignage de Marie H.

 

crs,mpt,veilleurs,chants"Il est 5h30 ce matin, 19 avril, depuis une heure je ne peux plus dormir, les mots se bousculent dans ma tête : il faut que j'écrive. Ce message n'est pas un manifeste, il s'agit simplement pour moi d'exprimer ce que nous avons vécu, de déposer le poids de ce combat que nous avons mené, hier soir encore, avec les « Veilleurs », ce combat trop grand pour nous. Il s'agit aussi, puisque cela c'est fait comme cela, d'associer tous ceux qui ne peuvent être avec nous, mais dont le soutien et la prière nous ont permis de tenir. A ceux qui doutent de ce témoignage – doute légitime, lorsqu'on en ignore la provenance – je voudrais juste assurer qu'il est vrai. C'est moi, Marie H., qui l'écris ; je ne dis que ce que j'ai vu, de la manière la plus sobre possible, à tel point que ceux qui étaient là avant-hier m'ont jugée parfois « trop gentille ». Je ne cherche ni la polémique – je n'ai pas l'habitude d'en faire, ni à ce qu'on parle de moi – non, vraiment pas.

 

22h :

La manifestation se termine, je rejoins calmement le groupe des Veilleurs. Ils ont changé de pelouse ; bien plus nombreux qu'hier, déjà encadrés par les CRS, qui néanmoins ne nous empêchent pas de les rejoindre. Axel est là, Alix à ses côtés ; ils ont investi dans un haut-parleur plus puissant, avec un micro, pour que tous puissent entendre (hier, nous avions donné chacun un euro à cet effet). Comme hier, ils nous exhortent à la résistance et à la paix intérieure, pendant que nous chantons doucement « l'espérance ». Malgré le nombre, l'ambiance est plus sereine, plus unie qu'hier soir. Certains montrent des portraits de Gandhi imprimés sur des feuilles de papier.

 

22h30 :

Axel nous a annoncé d'emblée que la police a reçu l'ordre de nous déloger. Pour l'instant, les CRS nous quittent, ayant à faire un peu plus loin sur l'esplanade, où des groupes de manifestants refusent de se disperser. Nous écoutons Bernanos, puis Aragon, La Rose et le Réséda... Alix nous lit ensuite un article sur le gender, qui dénonce le projet du ministre Vincent Peillon, intimement lié à celui de la « loi Taubira », d'« arracher » les enfants aux convictions de leurs parents, pour « libérer » leur intelligence en leur enseignant qu'il n'existe pas de sexe biologique, mais seulement une identité de genre à construire librement – ce sont les mots même des textes officiels. Axel nous parle, rappelant que nous sommes forts parce que nous ne sommes pas là pour nous-mêmes, mais pour le plus faible que nous, l'enfant de demain, nos propres enfants, auxquels on veut nous interdire de dire que la complémentarité des sexes existe, et qu'elle est bonne.

 

23h :

Le président des musulmans de Versailles prend le micro quelques minutes, expliquant qu'il nous a rejoints parce que son cœur le lui dictait. « Vous êtes les étoiles du monde ». Ma voisine me montre, à un mètre de nous, Monseigneur Rey, évêque de Fréjus-Toulon, un genou à terre, parmi nous. Lui aussi nous encourage brièvement (« Votre silence est plus fort que les mots »), puis encore l'abbé Grosjean, prêtre des environs de Versailles, qui nous a rejoints avec un autre prêtre.

 

23h15 :

Les choses se gâtent. Les jeunes qui s'agitaient plus loin, poursuivis par les CRS, se rabattent brusquement vers nous, arrivent en courant, et se « réfugient » tout autour de notre groupe. Mouvement de panique ou manoeuvre de la police ? Les deux sans doute. Nous reprenons en choeur « l'espérance », pour montrer notre pacifisme et ne pas laisser ébranler notre paix intérieure. Les CRS nous encerclent. Mais cette fois, ceux qui semblent étonnés sont les jeunes qui viennent de nous rejoindre, qui juste auparavant ont peut-être jugé « cucu » notre manière d'agir, et qui maintenant s'asseoient progressivement parmi nous. Il y a quelques minutes, Axel nous a assuré que nous étions bien plus subversifs, plus dangereux pour le pouvoir, parce que notre force est inattaquable.

 

23h30 :

Les CRS nous cernent tout près, avec casques et boucliers. Une seconde ligne se met en place, pour tenir à distance ceux qui nous regardent. De nombreux journalistes sont là, entre les CRS et nous, caméra, appareil photo ou portable en main. Nous chantons dans le calme. Axel nous informe que des policiers en civil sont parmi nous, repérables à leur oreillette (devant à ma droite, je vois quelques mains en désigner un silencieusement). Ils ont pour mission de créer parmi nous la panique. Axel ajoute : « Aujourd'hui, en France, ils sont payés pour cela. Nous leur pardonnons. » Bruit de sirène, première sommation : ceux qui le veulent peuvent se diriger tout de suite vers le métro, les autres seront interpellés. Aucune raison n'est donnée : nous n'avons rien fait d'autre que chanter, assis par terre sur une pelouse. Le gouvernement nous arrête pour des raisons politiques, pour le seul crime de n'être pas d'accord avec lui. Axel a répété les mots d'hier, sur le fait que ceux qui veulent ou doivent partir, le font en toute liberté et sans aucun jugement. Un certain nombre se lèvent, escortés à l'extérieur du cercle par les CRS. Nous resserrons les rangs.

 

23h45 :

Le haut-parleur d'Alix et Axel est au bout de sa batterie, dernières consignes en cas de garde à vue, encouragements... plus rien. Pendant encore trois quarts d'heure, nous allons uniquement chanter en boucle les trois couplets de « l'espérance » pour rester unis. Axel a encore un petit mégaphone, mais très peu d'entre nous l'entendent. Au fil des minutes, des bribes me parviennent : « Demain, promet Axel, nous auront une meilleure sono, nous mettrons de la musique classique. Demain, nous imprimerons le chant de l'« espérance », nous l'imprimerons sur des centaines de papiers, chacun pourra l'apprendre. » Demain, demain... Puis, c'est la voix d'Alix : « vous êtes en train d'écraser le mensonge »... Deuxième sommation : personne ne bouge. Je n'ai rien d'une extrémiste, mais j'ai l'intime conviction qu'il faut rester, nous sommes tellement dans notre bon droit, nous n'avons rien fait, et la disproportion est telle entre leurs moyens et les nôtres ! Nous sommes environ trois cent à être restés. Alors les gendarmes arrivent, et commencent à enlever, un par un, ceux qui sont situés le plus à droite du groupe, et à les traîner jusqu'au « panier à salade ». Accrochés, serrés, toujours nous chantons, couvrant les cris de panique qui jaillissent parfois. Parfois un cri plus fort retentit, pour provoquer la terreur, sans doute celui d'un policier en civil, couvert aussitôt par des « chut » indignés et par le chant : ils ne parviennent pas à nous faire peur.

 

Minuit :

Le bus est plein : une cinquantaine de prisonniers, pris au hasard, ceux qui étaient dans ce coin-là ; d'autres dans les camions de police, environ quatre-vingt en tout semble-t-il. Le chef de la police nous supplie presque de rentrer : « vous pouvez encore vous rendre au métro, et rentrer chez vous ». Peu se lèvent. Nous chantons, et ceux qui sont à l'intérieur du bus nous accompagnent en tapant sur les murs et les fenêtres.

 

Minuit quinze :

Le bus est parti. Les policiers ne savent plus quoi faire de nous. Leurs avertissements sont couverts par le chant. Il ne reste que quinze minutes ; nous leur avons dit, nous partirons dans le calme à minuit et demie. Mais ils ont des ordres ; alors ils continuent à nous emmener de force : ils se mettent à deux, somment un jeune de se lever et, celui-ci n'obtempérant pas, le tirent et le lèvent plus ou moins violemment, selon la résistance qu'il oppose. Plusieurs ont leur matraque à la main. Parfois des coups, je perçois notamment un cri de fille, puis un attroupement de journalistes et de policiers... Il y aura quelques blessés.

 

Minuit vingt :

Des députés nous ont rejoints, paraît-il. Les quelques journalistes qui sont restés se concentrent sur eux. Les CRS continuent de nous emmener un à un, nous continuons de chanter, et nous comptons les minutes en les voyant se rapprocher. Je n'ai pas peur, cela m'est bien égal d'aller en garde à vue : du moment qu'un tiers d'entre nous y sont, autant y aller tous avec eux ! Du moment que nos dirigeants sont capables d'aller jusque là pour nous faire taire... En fait, ceux qui sont enlevés de force lors de cette « deuxième série » sont tout simplement ramenés au métro, nous ne le saurons qu'ensuite. Un CRS s'énerve de la résistance que lui oppose un jeune et s'écrie violemment : « Mais arrêtez ! Vous nous empêchez de faire notre boulot ! » Alors là, c'est très fort ! Quelques exclamations fusent parmi nous, même pas de colère ou de vindicte, plutôt de bon sens, presque d'humour : la situation est tellement absurde ! C'est nous qui empêchons les CRS...

 

Minuit vingt-cinq :

Il reste cinq minutes. Nous ne sommes plus que quelques-uns. Axel et Alix ont été emmenés. Les CRS sont tous proches de moi, ils emportent la jeune fille juste devant, puis s'en prennent au garçon qui était à côté d'elle. Celui-ci résiste, accroché à celui de derrière : un CRS tape avec sa matraque pour le faire lâcher, mais n'y parvient pas. Nous comptons les dernières secondes.

 

Minuit et demie !

D'un seul homme, nous nous levons, victorieux. Nous reprenons le chant. Nous affirmons calmement que nous allons rentrer : nous n'avons pas cédé à la force, nous partons librement, à minuit et demie, comme nous l'avions décidé. Côté CRS : « resserrez les rangs ! ». Nous sommes peut-être une cinquantaine, au milieu d'un cercle très étroit de boucliers. Nous ne montrons pas d'autre signe de violence que de ramasser dans la bonne humeur les bougies, les papiers et les affaires semés sur place, pour laisser propre la pelouse des invalides. Puis les CRS nous escortent en groupe jusqu'au métro. Chez nous paix incroyable, et même bonne humeur : certains essaient d'échanger quelques plaisanteries avec les CRS... Cette fois, vraiment pas d'autre choix que de prendre le métro, même si on habite à deux pas. Alors nous obtempérons, espérons que nous pourrons sortir aux prochaines stations, ce dont certains ont été empêchés hier soir jusque bien tard...

 

Voilà ce qui se passe, en France, le 18 avril 2013. Nos dirigeants ont choisi de mobiliser des centaines de CRS pour arrêter des jeunes qui chantaient et écoutaient des textes, assis sur l'herbe.

 

Ils veulent nous discréditer et nous faire taire, parce que nous osons proclamer que nous préférons le bien et la vérité à l'idéologie et au plaisir égoïste du moment. Ce soir encore, nous sommes victorieux, mais cette victoire a un goût amer. Amer, pour ceux qui ont été emmenés cette nuit au poste, innocents désignés au hasard par l'arbitraire du pouvoir. Amer, pour ceux qui ont reçu des coups, qui ont été blessés, pour rien. Amer surtout, de voir comment répondent nos dirigeants aux aspirations de notre jeunesse qui aime le bien et la concorde, l'intelligence et la culture : par le mensonge et la violence."

25 mars 2013

Petite histoire de chiffres et de vrais mensonges

Savez-vous comment les forces de police effectuent leur calcul pour évaluer le nombre de personnes présentes lors d'une manifestation ?

Un jour j'ai posé la question... Et voici leur réponse.

Le point de départ du calcul est la considération qu'une personne occupe un espace d'un mètre sur un mètre, selon la surface largeur/longueur du défilé en question...

 

Prenons à titre de référence "La Manif Pour Tous"...

Manifestation qui a eu lieu à Paris le dimanche 24 mars 2013.

 

Faits techniques officiels :

* Longueur officielle du défilé qui s'est étendu sur 4 grosses avenues de la capitale ainsi que les rues et places adjacentes (soit de Esplanade de La Défense, Avenue Charles de Gaulle, Place de la Porte Maillot, Avenue de la Grande Armée, Place de l'Etoile, Avenue Foch et Avenue Carnot) : 8kms soit 8.000m.

* L'avenue de la Grande Armée a une largeur d'environ 70 à 80m, l'avenue Charles de Gaulle a une largeur d'environ 75m, l'avenue Foch a une largeur d'environ 120m, l'avenue Carnot a une largeur d'environ 40m. Faisons la moyenne... Nous obtenons 77,5m.

Allez soyons généreux... et refaisons les calculs avec une largeur de 75m...

 

1. SELON LA POLICE

 

Si l'on suit le raisonnement de la Préfecture de Police, on va recalculer le nombre de manifestants qu'ils auraient dut annoncer.

 

* Sur la largeur, nous avons 75m et donc 75 personnes ;

* Puis sur une longueur d'un mètre de large nous avons 8.000m soit 8.000 personnes ;

8.000 x 75 = 600.000 personnes...

 

=> Mensonge :

Avec ses propres considérations, la Préfecture de Police de Paris se ment déjà à elle-même...

Elle aurait dut annoncer 600.000 personnes et non pas 300.000 !!!

 

2. SELON MOI

 

Mais tout le monde sait bien que dans une manifestation nous ne sommes jamais à un mètre les uns des autres, comme voudrait le faire croire la Préfecture de Police... Il y a ceux qui se tiennent par la main, ceux qui sont dans les bras les uns des autres, ceux qui sont montés sur les épaules les uns des autres, ceux qui marchent collés les uns aux autres et les autres... Faites le test, marcher à 1 mètre entre chaque personne signifie que les bras étendus et en tournant sur vous-même, vous ne touchez ou frôlez personne... Vous savez bien que ce n'est pas le cas...

 

Il me semble plutôt que dans ce types de défilé nous marchons à environ 70cm d'écart de moyenne et comme nous ne sommes pas non plus alignés comme dans des rangs d'oignons, à ce nombre de manifestants il faudrait bien sûr ajouter une estimation de ces "intercalés entre les rangs"...

 

Refaisons le calcul avec ses considérations...

 

* Sur la largeur du défilé : 75m / 0,70m donnent donc 107 personnes (arrondi au dixième inférieur) ;

* Sur une longueur : 8.000m / 0,70m donnent donc 11.429 personnes (arrondi au dixième supérieur) ;

 

Estimons ensuite ces "intercalés" à partir des données suivantes:

* 8.000m de défilé que je divise volontairement par 2, soit 4.000m ;

* 107 manifestant par "ligne" que je divise également volontairement par 2, soit 53 personnes ;

Cela donne donc le calcul des "intercalés" suivant : 4.000m / 0,70m x 53 personnes = 303.000 personnes...

 

Reprenons donc le calcul dans son intégralité :

((75 / 0,70) x (8.000 / 0,70)) = 1.224.490 personnes (arrondi au dixième supérieur),

Ajoutons maintenant les "intercalés" au nombre de 303.000 personnes,

1.224.490 + 303.000 = 1.527.490 personnes.

 

Donc, si je suis le raisonnement qui me semble être le plus réaliste, nous aurions vraisemblablement été entre 1,5 et 1,6 millions de personnes à battre le pavé pour dire NON au projet de loi "Mariage pour Tous" en ce dimanche 24 mars 2013...

 

3. CONCLUSIONS

 

* La police annonce 300.000 personnes,

* Selon les méthodes de la préfecture de Police, il aurait fallu annoncer 600.000 personnes ;

* Le collectif LMPT annonce 1,4 million de manifestants,

* Selon mon recalcul officieux on obtient plus d'1,5 million...

 

Alors, où est la réalité ? Qui a tord, qui a raison ?

On ne saura probablement jamais.

Mais ce qui est certain, c'est qu'il y a un mensonge quelque part.

Et s'il y a mensonge... il est mensonge d'état...

 

Et ça, c'est tot bonnement insultant, méprisant et ça frise même l'arrogance !!!

Insultant pour les manifestants qui se sont déplacés, insultant pour les organisations et collectifs organisateurs et insultant aussi et surtout pour le peuple français qui MÉRITE QU'ON LUI DISE LA VÉRITÉ, quelle qu'elle soit !!!

Un gouvernement qui ment à son peuple, on appelle ça comment ?